IL FAUT EN PARLER !
Pour sortir de l'isolement, connaître vos droits, faire le point. Pour vous protéger ainsi que vos enfants, en cas de récidive. À qui ? À un membre de votre famille, un-e ami-e, des collègues qui vous écouteront avec bienveillance et sans vous juger, qui vous aideront à y voir plus clair. Si vous ne voyez personne avec ce profil dans votre entourage, parlez-en à des professionnels, de préférence d'un centre spécialisé en violence. On vous y proposera une aide administrative, sociale, juridique et psychologique ainsi qu'un hébergement en maison d'accueil avec adresse confidentielle si vous vous sentez en danger. Les services d'aide aux victimes offrent sur simple demande une aide psychologique et une aide dans les démarches d'ordre administratif, social et juridique. D'autres centres d'aide aux femmes en difficultés pourront aussi vous proposer un soutien psychologique, des conseils et, selon le centre, un hébergement provisoire. Les centres de planning familial vous offriront une écoute et une aide psychologique et parfois médicale. Un médecin vous offrira un cadre de confiance, et délivrera un certificat médical attestant votre état physique et psychologique suite aux violences subies. Vous pouvez aussi contacter la police : il existe dans chaque zone de police un service d'assistance aux victimes, dont le personnel a suivi une formation spécialisée pour répondre à vos questions.
PARTIR OU...
Il ne semble pas toujours possible de partir, pour de multiples raisons : l'amour pour le conjoint, les difficultés financières, la présence d'enfants... D'autre part, la rupture n'est pas inéluctable : se rendre compte que l'on subit des violences conjugales et recourir à l'aide des spécialistes peut avoir comme résultat une amélioration de la situation. Quelle que soit votre décision, n'oubliez jamais que vous ne méritez pas d'être battue ou maltraitée et que la violence n'est pas acceptable, même en période de crise. Les mauvais traitements constituent des actes punissables par la loi.
... RESTER ?
Si vous décidez de rester avec votre partenaire dans l'espoir de changer la situation, n'oubliez pas que l'auteur de violence doit accepter qu'il est en tort et qu'il a besoin d'aide. Exprimer des regrets et dire qu'il va changer ne signifie pas qu'il le fera. Il peut s'adresser, par exemple, à l'asbl PRAXIS (voir contacts utiles) qui offre un soutien aux hommes violents et propose des thérapies adéquates. Vous aurez vous-même besoin d'une écoute professionnelle : le changement ne se fera pas du jour au lendemain. Il prendra peut-être beaucoup de temps. Pendant cette période, la situation peut redevenir violente. Soyez prête à affronter cette éventualité. Prévoyez un plan de sortie (voir ci-dessous) et prenez des mesures pour vous protéger. Notez les numéros de téléphone utiles (personnes qui peuvent vous aider en cas d'urgence, ami-e, famille, police de votre commune, services d'aide aux femmes victimes de violence conjugales...). Gardez cette liste dans un endroit facile d'accès et mémorisez-le. Convenez d'un code de communication avec des voisins ou collègues de travail qui pourront prévenir les autorités en cas de nouvelle agression. Informez vos enfants sur les conduites à adopter en cas de violences (sortir de la maison, se réfugier chez les voisins,...). Repérez les indices qui précèdent habituellement l'explosion de la violence (voir « le cycle de la violence »). Évaluez les moyens d'assurer votre sécurité dans une pièce de la maison (verrou, téléphone,..). Rendez les armes difficiles d'accès. Prévoyez un plan de sortie (voir ci-dessous).
PORTER PLAINTE
Si vos efforts sont restés vains, il faudra peut-être décider d'engager une action en justice, pour assurer votre sécurité et celle de votre famille. Vous pouvez porter plainte dans n'importe quel commissariat de police. Dans le cadre de la procédure qui découlera de votre plainte, des photographies peuvent être utiles. Pensez donc à rassembler les preuves de la violence de votre conjoint.
Quelles sont les conséquences du dépôt d'une plainte ? Le policier doit dresser un procès-verbal et en référer au Parquet. Ensuite, il vous expliquera ce qui va se passer pour vous et l'auteur. Vous pouvez bénéficier de l'aide d'un-e assisatnt-e social-e (Service d'aide aux victimes). Selon l'appréciation du Parquet :
L'intéressé sera entendu par la police, remis en liberté mais avec un suivi. Le magistrat décidera ensuite de poursuivre ou de classer.
L'intéressé sera mis à disposition du Parquet. On lui rappellera ce que prévoit la loi et ce qu'il risque. Suivant sa réaction, il sera remis en liberté et/ou à la disposition d'un service de médiation.
Le juge d'instruction donne un signal fort, décide d'une mise en liberté avec conditions (éloignement du domicile, obligation de se soigner, etc..)
Mandat d'arrêt.
Vous pouvez porter plainte en vous adressant :
- à l'un des points d'accueil de la Police Urbaine de Proximité
- au Procureur de la République, par lettre simple, datée et signée
- Si vous ne souhaitez pas porter plainte immédiatement, faites enregistrer
une main courante dans un service de police
N.B. : Vous ne souhaitez pas porter plainte ? Faites alors consigner les faits. Ceci n'entraîne pas de poursuites judiciaires (à moins que les faits soient graves) mais pourrait vous être utile ultérieurement.
PARTIR
Si votre conjoint est violent, partir est un droit. Vous pouvez partir tout en gardant vos droits par rapport aux enfants, à votre logement et à vos biens. Si vous décidez de partir, des solutions existent tant sur le plan pratique, financier que psychologique. Une fois votre décision prise, il est indispensable de préparer votre départ. La porte franchise, il risque d'être difficile de retourner au domicile conjugal pour y récupérer d'éventuels documents ou affaires.
LE PLAN DE SORTIE
Ce qu'il faut prendre avec soi :
Les pièces administratives : l'identité, la carte de séjour, la situation familiale, la santé de l'ensemble des membres de la famille, l'école des enfants, le logement, les revenus, les informations bancaires, tout actes de jugement, les diplômes, les factures importantes et les relevés d'imposition (extraits de rôle)
Les clefs (maison, boulot, voiture)
Vos cartes bancaires et de crédit
Vos médicaments
Des effets d'hygiène personnels
Vos lunettes ou lentilles
De l'argent (si possible)
Des vêtements (sous-vêtements, chemise de nuit)
Des bijoux personnels
Des photos que vous souhaitez garder ou d'autres effets de valeur sentimentales
Pour les enfants, n'oubliez pas d'emporter
Les médicaments
Vêtements (sous-vêtements, chemise de nuit)
Jouets favoris
Il est indispensable de signaler votre départ à la police ou à une instance spécialisée afin d'attester des raisons de ce départ. Rendez-vous chez une personne de confiance ou dans votre famille. Si cela n'est pas possible (peur de représailles....), adressez-vous à un des centres d'accueil et d'hébergement de votre région (voir adresses). Partez quand il est absent ou trouvez une excuse pour partir discrètement. Ne dites pas que vous allez partir. Convenez d'un code avec un-e ami-e qui puisse vous aider et/ou vous accueillir. Confiez les animaux domestiques à un-e ami-e. Si vous n'avez pas de ressources financières, vous pouvez obtenir une aide auprès du CPAS de votre commune. En cas de difficulté, n'hésitez pas à demander des conseils juridiques auprès d'instances telles que le « Service d'aide aux victimes » de votre commune (voir « contacts utiles »). Ces organisations, formées de juristes, peuvent intervenir directement auprès des CPAS et vous aider à connaître vos droits et à les faire valoir. L'avenir vous appartient.Vous pouvez obtenir soutien et conseils auprès des centres d'aide spécialisés, les bureaux d'aide juridique et les centres de planning familial. Ne restez pas seule. N.B. Un plan de sortie est très important , mais si vous êtes en danger immédiat, partez tout de suite, plan ou pas.